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DANS L’ATTENTE DE LA NAISSANCE DU CHRIST !

Sans changer de mentalité, sans modifier radicalement sa façon de penser et d’agir, sans mettre un terme à cette insistance de voir les choses depuis l’étroite fenêtre de son seul égoïsme, il est impossible à l’homme de prendre part à la fête de la Nativité de Jésus. Parce que tout ce qui relève de la grotte de Bethléem n’est pas qu’une simple histoire romantique d’un événement symbolique, destiné à faire rêver les petits enfants.

L’événement qui a eu lieu dans la  grotte de Bethléem, est un fait réel, historiquement réel. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité le mystère de la naissance selon la chair  du Christ qui est Dieu se révèle comme mystère d’amour et de liberté, comme le mystère  par excellence de l’amour paternel qui s’offre à l’homme volontairement. « Voici, nous dit Matthieu (1,23), que la vierge va concevoir et enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel ».

Saint Basile explique que la fête de la Nativité de Jésus-Christ est honorée comme « l’événement salvateur du monde, le jour anniversaire  de toute l’humanité, la fête commune de toute la création ». Le Christ, en prenant, la chair humaine, devient véritablement et parfaitement Homme sans pour autant  cesser d’être véritablement et parfaitement Dieu.

Pour toute pensée humaine, ce ne peut être là qu’un énorme et indescriptible tremblement de terre, qui vient  l’ébranler jusqu’au plus profond de son être. Cela suite à l’annonce de cet événement inouï : Dieu s’est fait homme ! Le tremblement de terre,  c‘est ce qu’affirme Saint Athanase d’Alexandrie : par son Incarnation, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu », puisque désormais le ciel et la terre se tiennent côte à côte. Cette formule est aussi lapidaire que grandiose. Aucune pensée humaine ne pourra jamais la saisir dans la totalité de son étendue. Et pourtant, c’est bien elle qui exprime parfaitement l’horizon de notre Foi orthodoxe.

C’est tout le contraire de ce qui se passe aujourd’hui dans nos sociétés d’Europe Occidentale qui de plus en plus subissent ce que Pascal qualifie de « misère de l’homme sans Dieu ».

La nostalgie légitime de la liberté sans sa référence au Christ finit par tomber dans le nihilisme. A la place de la liberté tant désirée, c’est la dictature du Droit et de la Science qui prend le dessus. Ainsi par exemple, quand il est question de justifier l’interdiction de telle ou telle méthode de procréation assistée, quand il est question de mettre en avant l’argument moral qu’il n’est jamais bon pour un enfant d’être élevé par un couple du même sexe, la Cour européenne des droits de l’homme estime qu’un argument moral n’a plus de valeur en soi s’il n’est fondé que sur une simple conception de l’homme ou du bien. Elle exige désormais des arguments scientifiques.

Affectée par le scepticisme et le relativisme ambiants, la Cour a ainsi perdu confiance en la capacité des législateurs à porter un jugement moral sur le juste et le bien. Seule lui reste la science comme « vérité » sur laquelle fonder son jugement. Dictature du Droit ; dictature de la Science.

Bon nombre d’autres domaines pourraient trouver la place ici pour traiter de cette question de « la misère de l’homme sans Dieu ». Telle n’est pas mon intention.  Mon seul but est de rappeler que pour accueillir dignement le Fils de l’Homme couché dans la crèche de la grotte de Bethléem, il nous faut obéir à sa Parole et suivre son exemple.

Pour ce faire :

-prenons la peine de nous réconcilier avec Dieu ;

-libérons notre esprit de l’esclavage de tous ces enseignements qui refusent de reconnaître l’Enfant Jésus comme Dieu véritable et Homme véritable ;

-apprenons à connaître et reconnaître Dieu dans une véritable relation intime de communion et refusons de le considérer comme une simple vue de l’esprit ;

-faisons l’effort de revenir aux vraies priorités de la vie et ne nous contentons pas de seules exigences de notre survie physique et matérielle ;

-brisons le cercle de notre propre suffisance ;

-redécouvrons dans les ténèbres de notre « ego » la visage de l’autre qui est notre frère et accueillons-le avec compréhension et sympathie.  Enfin, pour faire face aux heures les plus sombres de nos moments de faiblesse, n’oublions pas de prendre avec nous le Christ, qui est la source de la vie. Il est notre Vie, notre Joie et notre Espérance.

Je vous envoie, en ces jours très particuliers et lumineux, ma bénédiction très paternelle.

A vous toutes et à vous tous, une joyeuse et pleines de grâces fête de la Nativité ainsi qu’une bonne et sainte Année Nouvelle 2015.

 

+Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.

2014