Avaleht/Non classifié(e)/LE CALENDRIER LITURGIQUE 2015

LE CALENDRIER LITURGIQUE 2015

Le calendrier que l’Eglise édite est, avant toute autre chose, un recueil des fêtes religieuses et des commémorations journalières des saints. Dire que le calendrier ecclésiastique est un florilège, une compilation des événements festifs de la vie chrétienne ne relève pas d’une simple coquetterie de  langage quand il s’agit de le distinguer du calendrier civil mais d’une exigence pour chaque chrétien de sanctifier le temps présent pour que, en toutes circonstances, notre temps terrestre devienne le temps de Dieu. Pour cette raison, le mot juste qui le définit dans la tradition orthodoxe grecque est « εορτολόγιον / heortologion », c’est-à-dire indicateur des fêtes de la Chrétienté et non pas « ημερολόγιον / himerologion », c’est-à-dire carnet de bord journalier.

Quand dans l’Evangile de Marc (1,15) Jésus parle pour la première fois, il déclare : « Le temps (« kairos » en grec) est accompli ». Il annonce  ainsi qu’il y a du nouveau, qu’avec et en Lui le Royaume de Dieu s’est approché. Plus loin, dans l’Evangile de Luc, Il appelle ses disciples à discerner ce temps venu d’En-Haut afin qu’ils puissent voir en lui l’intervention décisive de Dieu dans le monde humain. « Hypocrites, leur dit-il, comment ne discernez-vous pas ce temps-ci ? (12,56) ».

Tel est aussi le but de cette édition annuelle de notre calendrier ecclésiastique. A savoir que le temps, au sens de l’heure de Dieu, est d’abord un don. Il ne dépend pas de nous, nous n’en disposons pas, nous n’avons pas le pouvoir de le provoquer ou de l’engendrer. Le Royaume s’approche ainsi de nous ; nous n’y sommes pour rien ; c’est Dieu et Lui seul qui nous l’envoie.

Pour cette raison, le diacre dit, au moment de prendre la bénédiction pour débuter la Divine Liturgie,: « Aeg on Issandat teenida ». Le terme « temps » s’applique donc à la présence et à l’action de Dieu tant au ciel que sur la terre. Et en retour, notre rôle c’est de sanctifier le temps présent pour que notre Foi, à travers nos prières de louange régulières, notre action de grâces et la manière dont nous honorons nos Saints, s’incarne dans la pureté, la sainteté et la joie afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté. « Cela, écrit Saint Paul (1 Timothée 2,4), est bon et agréable de Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ».

C’est en cela que se situe la différence entre la fête religieuse et toutes les autres fêtes. La véritable fête que célèbre l’Eglise n’a rien de commun avec tout événement mondain ou charnel. La fête religieuse est placée sous le signe de l’Esprit Saint et elle est permanente parce que chaque commémoration dans l’Eglise est toujours actuelle et elle se projette sans rupture dans l’espace du Royaume. La fête civile est sans lendemain ; elle honore des évènements du passé qui ont eu lieu à un moment donné de l’Histoire. La fête civile est marquée par le provisoire des divertissements et des amusements qui la composent sans aucune projection sur le futur. Il suffit de voir comment se passent la plupart des festivités de ce monde pour comprendre combien elles sont stériles pour le cœur de l’homme et souvent génératrices de tristesses et d’amertumes.

A l’opposé, chaque fête chrétienne puise ses racines dans la réalité de la grâce de Dieu, indépendamment de ce qui fait le quotidien facile ou difficile de nos existences terrestres. La fête chrétienne est celle de la vérité de la grâce de Dieu. Elle est à la fois nouveauté, rareté, exception et en même temps réalité, stabilité, naturel total. La fête chrétienne fait cohabiter en même temps le passé, le présent et le  futur. Elle rend plus dense la « vérité » qui interprète les énigmes du temps, elle explore et contient toutes les certitudes qui font notre existence ici-bas parce qu’elle demeure pour toujours la joie de la présence réelle de la grâce de Dieu parmi les hommes.

Sans aucun doute, cette union constante avec le Christ qui nous est donnée dans la fête chrétienne, jour après jour, année après année, à travers les siècles et jusqu’à la fin des temps, nous permet de vivre devant les autres, afin qu’ils soient attirés à la Foi, « parviennent à la connaissance de la vérité et soient sauvés »,  selon les paroles de l’Apôtre Paul déjà citées.

Prenons donc la résolution de bien noter les Fêtes, les Jeûnes et les jours des Saints,  de participer plus activement, plus assidûment au cycle liturgique de l’Eglise et de nous embarquer pour une nouvelle vie au sein de la vie sacramentelle annuelle qui nous est ainsi proposée. Unissons-nous tous, tous ensemble, pour faire de ceci « une année acceptable pour le Seigneur ! »

+Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie