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UNE MARCHE DE NUIT DANS LA FORET

(Histoire vécue par un orthodoxe nouvellement baptisé)

Bongo venait de recevoir le baptême. Il y avait de cela à peine un mois. Un jour il revenait du village voisin après avoir rendu visite à une vieille connaissance. Il était parti alors que déjà la nuit faisait son apparition.

En Afrique le passage du jour à la nuit est brutal. C’est alors le moment choisi par les animaux sauvages pour aller à la recherche de leur nourriture. Soudain retentit le cri du hibou ; les lézards glissaient sur les souches desséchés à même la terre ; un léger bruissement sous le feuillage rappelait le passage furtif d’un serpent. Un singe fit un bond qui vint frôler le marcheur.

La nuit, les cris, les divers bruits de la forêt remplissaient peu à peu le coeur de Bongo d’une peur sourde. De nombreuses pensées se mirent à tournoyer dans sa tête.

Il s’était engagé maintenant sur l’étroit sentier qui traversait un lieu où, disait-on, rôdaient de nombreux esprits. Une sueur froide perlait sur son front. Bongo n’avait qu’une envie : prendre ses jambes à son cou. Mais comment ? Les ténèbres qui l’environnaient étaient denses. Il ne pouvait avancer que pas à pas pour ne pas s’écarter du sentier. Impossible de se mettre à courir. Tout accentuait sa peur. Son coeur se mit à battre la chamade ; il tremblait de tous ses membres. Du fond de sa détresse soudain surgit une certitude : il n’était pas seul ; Dieu se tenait à ses côtés. Dieu ? Il ne l’avait jamais vu. Seulement il avait senti la vérité de Sa parole au fond de tout son être. Machinalement il se mit à prier : « Notre Père, qui es aux cieux… »

Juste à ce moment, il ressentit une forte secousse. C’était un tronc d’arbre qui venait de s’écraser devant lui, lui coupant le chemin. Il s’assit dessus, et décida de ne plus bouger jusqu’au petit matin quand bien même le monde entier serait rempli d’innombrables esprits maléfiques. Et il continuait à réciter le « Notre Père ». Peu à peu la prière apaisa ses craintes. Son esprit retrouva toute sa clarté. Plus de tremblement, plus de sueur froide !

Combien de temps resta-t-il ainsi soudé à ce tronc ? Combien de fois récita-t-il sa prière ? Il l’ignore. Enfin il se leva, reprit sa marche vers son village.

Bongo n’avait plus peur. Il savait désormais que plus rien de mauvais ne pouvait lui arriver.