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Message synodal pour la Nativité 2011

MESSAGE SYNODAL pour la NATIVITE de NOTRE-SEIGNEUR et SAUVEUR JESUS-CHRIST

« Venez, réjouissons-nous dans le Seigneur, en exposant le mystère de ce jour. Le mur de séparation est renversé… (tropaire du lucernaire). « 

Très Révérends Pères et Diacres,
Chers Hiéromoines et Moniales,
Bien-aimés Frères et Soeurs dans le Seigneur,
 »Le mur de séparation est renversé », venons-nous de lire. La lutte contre le prince de ce monde a commencé avec cette nuit de la Nativité. Le royaume de Dieu est en marche. Jésus est né au milieu de nous, au milieu des hommes pour nous délivrer des grandes impasses de notre existence terrestre, qui sont le péché et la mort. Jésus est né non pas seulement pour offrir à toute l’Humanité un enseignement de grande qualité mais, après avoir pris notre nature humaine, pour rester parmi nous. Jésus est né non pas seulement pour que nous ayons une vie meilleure ici-bas mais pour que nous recevions la vie éternelle. Jésus est devenu homme pour que nous les hommes nous soyons à notre tour divinisés. Tel est le mystère qui nous est exposé en ce jour !

En prenant notre chair, le Christ prend aussitôt part à la dure réalité de la vie humaine. Il est à peine couché dans la crèche que déjà il doit faire face à l’indigence, à l’indifférence des gens de Bethléem tandis que leur aubergiste lui ferme la porte, à la persécution d’Hérode, à la fuite en Egypte. Ce ne sont que les petits, les bergers, une catégorie de gens à part, peu appréciés par la société locale, qui discerneront les premiers Celui qui est né.

Pourtant, chantons-nous ce matin : « Il nous a visités du haut des cieux, notre Sauveur…nous qui étions dans les ténèbres et dans l’ombre de l’erreur… » (exapostilaire de la Nativité, 1ère partie). L’espoir existe donc : Jésus-Christ est venu pour prendre notre place devant Dieu, pour porter notre culpabilité, nos péchés et pour nous orienter vers le Père.

L’espoir existe. Parce que Celui qui est né est venu sur terre pour inaugurer en nous le règne de Dieu, un règne de paix et d’amour. L’espoir chrétien se base sur le plan de Dieu pour le salut du monde, sur l’accomplissement du salut en Christ jusqu’à la fin des temps. Enlevez Jésus de la Nativité, et vous n’obtiendrez rien d’autre que la célébration d’un simple 25 décembre, autrement dit d’un simple jour comme tous les autres.

« …nous qui étions dans les ténèbres et dans l’ombre de l’erreur, nous avons trouvé la vérité, car la Vierge à Bethléem enfante le Seigneur notre Dieu »(exapostilaire, 2ème partie). La seule source de notre espérance , c’est toute l’économie salvatrice du Fils de Dieu incarné, depuis la Grotte de Bethléem jusqu’à la Croix et la Résurrection. Pour cette raison, notre espérance est forte et rien ne peut la rompre, malgré les privations de toutes sortes, l’injustice, les épreuves qui nous touchent directement ou indirectement, la stagnation économique, le manque de sécurité pour l’avenir, la dureté de la société, les spéculations financières, la corruption, l’arrogance des grands comme des petits. Malgré tout cela, l’espérance qui est la nôtre ne nous  trompe pas et ne nous déçoit jamais, « parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rom.5,5). Et cette espérance a pour compagnes la joie et la paix. Une joie sereine et tolérante,  qui ne s’évapore pas sous la grande chaleur des afflictions. Une paix qui remplit tout le coeur de notre être, quand bien même serions-nous en plein trouble.

Notre monde est dans la nuit, notre monde a froid. Ceux qui n’ont pas de pain veulent vivre et ceux qui ont du pain ne savent plus pourquoi vivre. Pourtant, depuis la nuit de Bethléem, c’est toujours dans la misère de notre chair que l’Enfant Jésus nous est donné, à nous tous, pour que nous devenions enfants du Père qui est dans les cieux, pour que nous vivions enfin avec Lui, par Lui. Pour cela, il faut l’audace de l’espérance afin de reconnaître que le Dieu d’avant les siècles – la Parole qui porte tout – s’offre à nous, nouveau-né, dans une mangeoire à bestiaux. C’est ici que se trouve la vérité de cette Fête, dans le début de cet abaissement qui conduira le divin Enfant de l’autel de la Crèche à celui de la Croix, à celui du Tombeau, à celui de la Résurrection, à celui de l’Eucharistie. C’est cela notre espérance, la certitude d’où jaillit la joie ; la certitude que, grâce à cet incompréhensible pour notre raison abaissement de notre Dieu, tout peut être sauvé.

Dans la Grotte de Bethléem Dieu a frappé un grand coup. Il ne se résigne pas à cautionner une société où les chances sont mal réparties et où les plus forts ont forcément toujours raison. Voilà pourquoi il nous est désormais demandé de percevoir Dieu autrement. Pour ce faire, il va falloir changer le regard que nous portons sur l’évènement. La plupart du temps, reconnaissons-le avec humilité, nous nous contentons d’être de simples témoins, comme si nous étions situés à l’extérieur de ce qui se passe ; comme si nous laissions notre conception des choses évoluer suivant l’humeur du jour.

Chers Frères et Soeurs en Dieu Sauveur,
Le miracle de l’Incarnation du Christ ne se trouve pas dans un merveilleux conte qui finit bien. Le miracle de l’Incarnation  est dans l’engagement des hommes à être les puissants acteurs du miracle qui transformera le monde. Tant il est vrai que chacune et chacun de nous est personnellement concerné dans cette aventure par le témoignage de sa foi. Seule la foi nous permet de croire à l’évènement, à l’idée que le Verbe s’est réellement fait chair, puisque notre foi est la reconnaissance de l’évènement. Certes, ce n’est pas notre foi qui fait que le Verbe se fait chair, que le pain devient le Corps du Christ. Mais c’est notre foi qui nous permet de bénéficier de ce mystère.

Alors, ne tenons pas Jésus à l’écart. Faisons-lui une place dans notre être intérieur le plus profond, dans nos pensées, dans nos plans, dans nos décisions, dans nos affections. Donnons-lui la première place et Lui nous fera une place dans la maison de son Père. Et avec l’aide de notre foi et de notre espérance, demandons à Dieu qu’il nous donne un visage nouveau, un coeur nouveau, des mains plus généreuses.

Puissions-nous enfin, en ce jour béni, unique et excellent, contempler, dans la joie et dans la paix, Jésus le sauveur du monde, Dieu venu parmi nous, Dieu avec nous, l’ Emmanuel. Amen !

Bonne et sainte Fête de la Nativité ! Bonne, sainte et bénie Nouvelle Année 2012.

Nativité selon la chair de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de l’An de Grâces 2011.

+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie,
+Elias, Evêque de Tartu, 
+Alexandre, Evêque de Pärnu et Saarea