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SAINT MARTIN DE TOURS

 

Invité en Belgique, j’ai célébré la Divine Liturgie à la paroisse orthodoxe francophone de Bruxelles le 11 novembre, jour de la fête de son Saint Patron Martin le Miséricordieux, Evêque de Tours selon le calendrier occidental (le calendrier orthodoxe le commémore le lendemain 12 novembre). Comme la Paroisse m’a fait don d’une icône dans laquelle il est représenté avec le Christ et Saint Silouane du Mont Athos, j’ai le plaisir de la remettre ici à notre Cathédrale et avec elle, les icones des Saints Georges et Pantéléimon, que désirent vénérer dans cette Eglise les touristes orthodoxes russes de passage.

A cette occasion, j’aimerais dire quelques mots au sujet de Saint Martin, bien connu en Estonie à cause des traditions qui sont liées au « Mardi Päev ». Mais sait-on encore qui est Saint Martin ?

Fils d’un officier romain, il naquit en 316 à Sabaria en Hongrie, où son père était en garnison mais il fut élévé dans la patrie de sa famille, à Pavie en Italie. Ses parents étaient païens mais lui, tout jeune déjà, se mit à fréquenter l’église des chrétiens dès l’âge de dix ans.

Selon le désir de ses parents, il devint militaire. A l’âge de dix-huit ans, alors qu’il était en garnison à la ville gauloise d’Amiens, il rencontra un jour d’hiver un pauvre nu et grelotant de froid, bravant de cette triste façon l’indifférence des gens. Il saisit son manteau, le coupa en deux avec son épée et en donna la moitié au malheureux. La nuit suivante, il vit le Christ lui apparaître, vêtu de la partie du manteau dont il avait recouvert le pauvre et l’entendit dire à la multitude des anges qui l’entouraient : « Martin, encore catéchumène, m’a couvert de ce vêtement ». Peu après cet événement, il reçut le baptême.

Libéré enfin de son engagement militaire, en juillet de l’an 356, alors qu’il était officier de la garde impériale, il se précipita à la Ville de Poitiers en France pour s’attacher à la personne du grand saint Hilaire, considéré comme l’homologue de saint Athanase pour l’Occident.

Quand Hilaire fut envoyé en exil en Phrygie, Martin partit à Panonnie en Italie pour tenter de convertir ses parents et s’engager dans la lutte contre l’hérésie de l’arianisme.

Ayant appris qu’Hilaire revenait de son exil, Martin courut le rejoindre et s’installa à Ligugé, non loin de la ville de Poitiers. Il fut l’initiateur du Monastère  qu’il fonda dans cette ville, qui existe encore de nos jours et qui jouit encore d’une réputation prestigieuse. Il fut consacré évêque de Tours en 371. Son biographe du nom de Sulpice Sévère dira de lui : « Il avait toute la dignité d’un évêque, sans abandonner le genre de vie et la vertu d’un moine ».

Ce fut lui qui organisa les premières paroisses rurales de son diocèse. Il ne cessait de parcourir les campagnes et partout où il passait il confirmait la vérité de ses paroles par de nombreux miracles. On finit par l’appeler l’Apôtre des campagnes.

« Jamais, écrivit son biographe déjà cité, Martin n’a laissé passer une heure, un moment sans se livrer à la prière ou s’absorber dans la lecture, et encore, même en lisant ou en faisant autre chose, jamais il ne cessait de prier Dieu. Jamais personne n’a vu Martin s’irriter, ni s’émouvoir, ni s’affliger, ni rire. Toujours un, toujours le même, le visage resplendissant comme d’une joie céleste, il semblait en dehors de la nature humaine. Dans sa bouche, rien que le nom du Christ, dans son âme, rien qu’amour, paix et miséricorde ».

+Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie

Novembre 2014