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MESSAGE DE NOEL de l’An de Grâce 2010

Voici pour vous un signe, dit l’ange aux bergers, vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche (Luc 2,12).“ C’est bien ce qui vient de se produire cette fois encore dans la grotte de Bethléem : dans la fragile apparition d’un bébé couché dans une mangeoire, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jean 1,14) ; Dieu s’est fait homme, plantant sa tente parmi les hommes et parlant avec eux comme un homme parle à un homme.

L’enfant, quel grand mystère ! Un mystère qui sollicite de notre part de la chaleur, beaucoup de chaleur humaine que rayonne la tendresse. Un mystère qui a besoin de sentir le contact des mains aimantes de sa mère et d’être bercé dans ses bras. Dans un monde de plus en plus impersonnel, de plus en plus matérialiste, l’enfant divin de Bethléem est là pour nous exhorter à écouter ce que nous dit son coeur et à nous apprendre du Dieu d’amour à vivre d’amour. Sans cette écoute du coeur, sans cet apprentissage du vrai amour, il n’y a pas de vrai joie car la „grande joie“ est celle qui envahit le coeur. Un coeur qui écoute, au point de se répandre en ceux qui l’écoutent.

Le fait que nous revenons chaque 25 décembre célébrer liturgiquement cette fête de la Nativité n’est pas comme une roue qui tourne chaque année, en ramenant les mêmes impressions du passé mais c’est le lieu vital où se parfait notre vie ; le lieu vital où chacune de nos vies est poussée en avant vers sa seule destinée qui est notre Père dans les cieux.

Jésus à Bethléem, c’est le Dieu de la paix qui vient au milieu de nous pour descendre jusqu’au plus profond de notre détresse, jusqu’au plus profond de notre misère. C’est là que nous pouvons commencer de comprendre comment cette fête inaugure un monde nouveau. Avec cette fête une porte s’ouvre, éclairant d’une lumière d’or toute notre existence. Cela ne se fait ni de façon magique ni avec brusquerie. Cela devient petit à petit réalité chaque fois que l’un d’entre nous, au nom de Jésus – qui est „l’Emmanuel, le Dieu avec nous“ – engage sa vie dans le combat pour la justice et la paix, témoignant ainsi du même coup de l’amour fou de Dieu pour l’homme et entraînant les autres avec lui. Le salut ne nous est pas proposé de l’extérieur ; il est dans le Sauveur qui est né à Bethléem.

„Joie au ciel et paix sur la terre aux hommes car Dieu les aime“, se plaisent à les répéter nos hymnes liturgiques. Le Christ, au jour de sa Nativité, nous apprend à naître véritablement, à nous découvrir enfants de Dieu.

Pour nous les chrétiens, nos familles sont l’Eglise „dans la maison“. Pour nous les chrétiens, la famille c’est une „Petite Eglise“, une „véritable école d’amour“. Ce qui constitue la famille chrétienne au sens fort, c’est qu’elle est fondée sur le Christ et qu’elle est constituée dans l’unité de l’Esprit Saint, tout comme l’Eglise. En contemplant Jésus emmailloté dans la crèche sous le tendre regard et l’affection sans limites de Marie et de Joseph, nous pouvons comprendre combien réellement nous sommes nous aussi de „la maison de Dieu dans l’Esprit Saint“ (Ephésiens 2, 19-22).

Que le divin Enfant de Bethléem nous bénisse tous, qu’il nous apprenne à être attentifs à notre humanité si défigurée qu’elle ne sait plus aimer, qu’il nous donne de partager les souffrances des autres selon sa manière divine. Et que l’Année Nouvelle qui s’avance soit pour nous tous une année sainte et riche en grâces sous le regard bienveillant de Dieu.

 

+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.

Tallinn, le 25 décembre 2010.