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MESSAGE POUR LE JOUR DE LA NATIVITE 2020

Mais toi, Bethléem-Ephrata,

c’est de toi que sortira pour moi

Celui qui est appelé à gouverner Israël.

(Michée 5,1)

Vos Excellences, Frères très aimés en Christ, les Evêques de Tartu Elias et de Pärnu-Saare Alexandre,

Très chers à notre cœur Prêtres, Diacres, Moniales et Peuple de Dieu qui faites le bonheur de notre Sainte Eglise,

« Joie au ciel et paix sur la terre aux hommes. Dieu les aime » proclament nos chants et nos hymnes en ce jour de la Nativité de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Le Fils de Dieu a épousé notre humanité ! Cette humanité pour laquelle Il s’en est épris d’un amour fou. Il l’accueille telle qu’elle est, dégénérée, défigurée. Il se donne à elle totalement et pour toujours. 

« Aujourd’hui, dit l’ange du Seigneur aux bergers, dans la ville de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur »(Luc 2,11-12). C’est la façon qu’a choisie Dieu pour exaucer une vieille et antique prophétie qui avait été donnée par le prophète Esaïe (7,14). Elle disait qu’une jeune femme va concevoir et mettre au monde un fils que l’on appellera « Emmanuel », ce qui signifie « Dieu est avec nous ». Voilà donc Jésus annoncé et porteur d’un double nom : celui qui nous sauve et celui qui manifeste que Dieu est avec nous. C’est cela la joie de la Nativité. 

Mais comment vivre en « vérité » cette grande joie annoncée et donnée alors qu’autour de nous si peu d’humains l’entendent, la reçoivent ou la perçoivent ? Comment vivre en « vérité » l’anniversaire de la naissance du Christ alors que pour tant de chrétiens et d’enfants chrétiens ce jour de la Nativité est si difficilement accueillie comme le jour joyeux de la Nativité de Dieu à cause de la maladie, de la guerre, de la famine et au total de la bêtise humaine ? Comment vivre en « vérité » cette grande joie qui nous annonce que Jésus, le vrai, se fait encore une place parmi nous, même si c’est ailleurs que là où nous croyons Le trouver ? Et s’il le faut, qu’Il se fait encore aujourd’hui une place malgré nous ? 

Vivre « en vérité » la grande joie de la Nativité… Tout ce questionnement illustre bien une réalité profonde : le monde se sécularise et se désacralise en rejetant Dieu au lieu d’essayer d’entendre ce qu’Il lui dit. Tout ceci a pour conséquence non seulement un relâchement profond de la morale mais aussi une négation des racines spirituelles ; un déracinement véritable de ces racines.

Alors, qu’allons-nous faire ? Sommes-nous disposés d’accepter que Jésus soit dans notre existence à la fois le plus beau des cadeaux et celui qui est venu en nous-mêmes non pas seulement pour nous sauver ou nous consoler mais pour nous rappeler que ce salut et cette présence de Dieu nous poussent à être actifs et créateurs ? A donner à notre tour, à faire ce que Dieu attend de nous, à devenir ce que Dieu nous demande d’être ? Tant il est vrai que ce jour de la Nativité signifie que Dieu a infiniment plus de prétention sur nous que nous pouvons en avoir nous-mêmes. « Faites comme moi, nous répète-t-il. Offrez-moi au besoin votre misère, votre dénuement, votre désespoir. Venez, ne craignez pas. Laissez là votre tristesse, votre honte ». Ce ne sont donc pas des cadeaux que le Seigneur attend de nous, c’est nous. C’est nous en personne qu’il attend. Il nous désire ; Il nous aime. Hâtons-nous vers Lui. Laissons notre nonchalance, notre tristesse, nos hésitations. La joie du Seigneur est à nous ; nos larmes sont à Lui. Et sa joie, la joie de son Père, c’est que nous vivions.

Prêtons une oreille attentive à ce que nous dit Saint Jean l’évangéliste dans son prologue : « Et le Verbe s’est fait chair et Il a dressé sa tente parmi nous (1,14) » Le Verbe de Dieu, qui est le Christ, a quitté le domaine des sceptiques de tous genres et de tous temps pour venir habiter chez nous tous, jusque dans nos cœurs, jusque dans nos propres maisons, jusque dans nos villes et jusque dans nos rues comme le plus simple d’entre nous et accessible à tous. Fini donc le Dieu réservé aux intellectuels, aux philosophes, aux savants de toutes sortes à la langue de bois, qui ne peuvent ou ne veulent pas saisir le sens profond et la réalité du mystère de la naissance du Dieu fait Homme. Désormais ce Dieu, qui les rebute tant, est venu par Jésus-Christ, dans notre propre devenir, dans notre propre existence, dans notre propre présent.

Mes bien-aimés,

Le salut ne nous est pas proposé de l’extérieur, il est dans le Sauveur qui vient de naître. Il est dans ce petit enfant de Bethléem tout pauvre, plus pauvre que nous. J’aime ici à dire, en référence au texte des Béatitudes (Matthieu 5,10), que la « pauvreté en esprit » est une pauvreté universelle qui englobe l’homme tout entier, corps, cœur et âme ; une pauvreté réelle à l’image précisément de ces humbles Bergers de Bethléem. J’aime aussi à préciser que la sagesse des Mages était essentiellement tournée sur la connaissance de l’être intérieur, de la graine secrète et spirituelle qui se cache en lui et non pas sur les biens et les besoins de ce monde. 

Aussi, à partir du moment où les Bergers et les Mages virent l’astre, à partir du moment où ils en saisirent le message, à partir du moment où ils firent acte de foi, ils réalisèrent le plus grand tournant de l’histoire spirituelle du monde. Puisse-t-il en être de même pour chacun d’entre nous.

Avec ma bénédiction paternelle pour vous-mêmes, vos familles et tous ceux qui vous sont chers. 

Joyeux Noël. Bonne et sainte Année Nouvelle 2021.

+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.