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Visite pastorale ā Paadrema

125e ANNIVERSAIRE DE PAADREMAA

Chers Frères et Sœurs en Christ,

C’est du fond du cœur que je remercie votre Evêque Mgr Alexandre et votre prêtre le Père Agathon, de m’avoir invité à prendre part avec vous tous ici présents aux solennités du 125e anniversaire de la paroisse de Padremaa.

Un anniversaire est toujours un moment particulier non seulement dans notre propre existence mais aussi pour toute institution humaine et plus particulièrement, en ce jour, pour ce lieu que vous aimez chaleureusement. Vous l’honorez ce matin par la célébration de cette Divine Liturgie et il vous honore pour votre attachement et votre fidélité à le maintenir en activité pour la gloire de Dieu et le bien spirituel de vous tous. Je vous en félicite et je demande à Dieu qu’en retour Il comble chacun de vos foyers, de sa grâce et de ses bienfaits.

« Celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là a la vie éternelle », nous dit Jésus dans l’évangile de ce matin (Jean 5,24). Par l’accueil de la parole de Jésus, par son adhésion de foi au Père, le croyant a reçu la vie de Dieu ; il est déjà entré dans la vie de la résurrection. La vie d’union à Dieu, la vie éternelle est déjà commencée ici-bas pour chacun d’entre nous car ce don de la vie par notre baptême, qui nous greffe au Christ, est à la fois un don actuel et aussi une promesse et un  don pour le futur.

C’est pour cette raison que le Christ précise encore : « l’heure vient et elle est déjà venue où tous ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour entrer dans la vie ; ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour être jugés » (versets 28 et 29). Autrement dit, ce don de la vie après la mort est placé sous le signe de l’espérance.

Nous comprenons maintenant pourquoi ce passage de l’Evangile de Jean est lu lors de l’office des funérailles. Il est vrai que de tout temps l’homme a peur de la mort. Et cela se comprend parce que la mort est un état étranger à la nature humaine. Dieu a créé l’homme pour la vie éternelle. C’est l’homme qui a fait entrer la mort dans son existence à cause de son égoïsme et de sa désobéissance et avec eux il a fait la part belle à la souffrance, à la tristesse, à la déception et au désespoir.

Mais si pour l’homme la mort physique est un moment tragique, l’Eglise quant à elle la considère comme un instant incontournable de la vie qui nous fait passer de la mortalité à l’immortalité, de la corruption à l’incorruptibilité.

Le Métropolite Kallistos Ware dit à ce propos que « la mort physique doit être comprise non comme une punition mais comme une mesure de soulagement, donnée par Dieu qui nous aime. Le Dieu miséricordieux en effet n’a pas voulu que les hommes continuent à vivre indéfiniment dans le monde de la chute et ainsi Il leur a offert une solution pour en sortir. La mort n’est pas la fin de la vie mais le commencement de son renouvellement. Par delà la mort naturelle, nous nous projetons dans la réalité de l’union de l’âme et du corps ; nous  attendons la résurrection universelle », quand, à la fin des temps, le Christ reviendra dans sa gloire pour donner la vie de la résurrection à nos corps mortels. C’est pourquoi j’ose dire ici, aussi étrange que cela vous puisse paraître, qu’il n’y a pas de plus grande certitude de l’amour de Dieu pour l’homme que la mort.

Si l’Eglise a choisi ce texte pour la célébration des funérailles, si l’Eglise a décidé de consacrer le samedi, veille du dimanche qui est le jour de la résurrection, à la commémoration des défunts, c’est précisément pour nous redire que la mort n’a pas pour but de nous  sanctionner mais de créer les conditions pour nous introduire dans une destination nouvelle, dans une vie nouvelle qui est le retour au Royaume de Dieu.

Chers Frères et Sœurs en Christ,

Saint Jean l’Evangéliste nous rappelle ce matin que l’espérance chrétienne n’est pas une pure utopie, un rêve imaginaire. L’union à Dieu par la foi est garante de ce que nous attendons et ne cessons de construire encore : la plénitude de la vie en Christ Seigneur et Sauveur, par notre engagement  dans l’amour de charité et par notre participation active aux sacrements qui nous sont distribués au sein de son Eglise.

Puisse-t-il en être toujours ainsi en ce lieu béni et sanctifié, dont vous commémorez maintenant le 125e anniversaire. Amen !

 

+Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie

Novembre 2014