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MESSAGE POUR LA NATIVITE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST 2023

« Notre Sauveur nous a visités du haut des cieux,

de l’Orient des Orients,

et nous qui étions dans les ténèbres et l’ombre

nous avons trouvé la vérité… »

(Exapostilaire des Matines de la célébration de la Nativité)

Le message de Noël n’est pas seulement adressé à l’humanité en général. Il est surtout adressé à chaque homme en particulier.  Il atteint chaque âme d’une manière unique et exceptionnelle. Je peux dire ici que la joie de la fête de la Nativité nous concerne tous d’une manière intime, personnelle : c’est d’abord à moi et pour moi que la grande joie est annoncée ; c’est à moi et pour moi que l’enfant Jésus est né dans une crèche comme un don très personnel.

Si je m’efforce d’être fidèle à toute la mesure de la lumière que Dieu m’accorde cette nuit, si je décide d’être vrai, prêt à rendre témoignage à « la lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans ce monde », ainsi que nous le confessons dans nos offices liturgiques, cette même lumière divine ne manquera pas, malgré mon ignorance, de me conduire et de m’assister jusqu’auprès de cet enfant couché dans la crèche. Ceci, non pas de façon abstraite mais aussi, avant toutes choses, dans toutes les circonstances concrètes de la vie. Plus encore, non pas une fois, mais chaque fois que cela sera nécessaire.

Avant d’aller plus loin, souvenons-nous ce que dit Saint Athanase d’Alexandrie dans son traité sur l’incarnation du Verbe de Dieu :

« Le Verbe de Dieu, incorporel, incorruptible et immortel vient parmi nous. Il ne se tenait pas éloigné auparavant, car Il n’a vidé de sa présence aucune partie de la création, Lui qui remplissait toutes choses en tout lieu, puisqu’Il était avec son Père. Mais Il vient nous manifester son amour pour notre humanité… Il prend pitié de notre faiblesse, s’émeut de notre déchéance et ne peut supporter la domination sur nous de la mort. Pour empêcher que sa créature ne se perde et que l’œuvre accomplie par son Père en créant les hommes ne soit inutile, Il prend lui-même un corps, et ce corps n’est pas différent du nôtre. Il ne s’est pas contenté de prendre un corps n’importe comment et de se rendre seulement visible. C’est dans la Vierge qu’Il se construit à lui-même ce corps comme temple de sa présence et qu’Il se l’approprie comme instrument de sa manifestation ».

Je désire vous faire connaître ce texte très inspiré d’un penseur anonyme, qui avait écrit ceci à propos de la venue du Christ parmi nous :

« Si notre plus grand besoin avait été la formation, Dieu nous aurait envoyé un enseignant.

Si notre plus grand besoin avait été la technologie, Dieu nous aurait envoyé un ingénieur.

Si notre plus grand besoin avait été l’argent, Dieu nous aurait envoyé un banquier.

Si notre plus grand besoin avait été le plaisir, Dieu nous aurait envoyé un comédien.

Si notre plus grand besoin avait été la santé, Dieu nous aurait envoyé un médecin.

Mais notre plus grand besoin était le pardon. Alors Dieu nous a envoyé un Sauveur. »

Et pour cela Il va aller jusqu’à quelque chose d’incroyable, d’inimaginable : « Le Verbe se fait chair. » Dieu est devenu un homme. Jésus est venu habiter notre vie en devenant un homme. Notre existence de croyant, présente et éternelle, dépend de cette annonce des évangélistes Matthieu et Luc : aujourd’hui, pour chacun d’entre nous, un Sauveur est né, c’est cet enfant, et Il est Dieu. La preuve est tout de même bien déroutante : « Vous trouverez, précise l’ange aux bergers, « un enfant emmailloté et couché dans une crèche ». Le signe qu’Il est Dieu ?… Il aurait fallu pour cela des trompettes, des éclairs, des armes, des foules.  Bref tout le  branle-bas habituel  dont s’entourent les puissants.

Dieu est puissant, oui…  Jusqu’à pouvoir venir dans la pauvreté et le silence. C’est à Bethléem que commence une aventure auprès de laquelle toute autre aventure s’efface : quelqu’un va être humainement Dieu et divinement homme. Cette naissance dans une crèche déclare que Jésus veut être compté parmi les plus pauvres, les plus humbles, les déshérités, les malades, les prisonniers, les pécheurs. En un mot, auprès de tous ceux qui souffrent, qui sont abandonnés, persécutés, méprisés, rejetés !

Pour un bon nombre de nos concitoyens, c’est si difficile d’adhérer à cela. Ils rejettent l’idée que Jésus de Nazareth puisse être le Fils de Dieu, Dieu incarné, Dieu ayant accepté notre chair, nos joies et nos souffrances, notre mort. Ils restent dans les ténèbres de leurs pensées parce qu’ils n’ont pas compris la lumière que leur apporte Jésus. La Lumière véritable qui rayonne dans le monde. Croire en effet à la divinité de Jésus-Christ, c’est avoir une telle confiance en Lui et un tel désir d’aimer comme Lui. Voilà pourquoi nous, qui L’avons reçu, nous sommes appelés à être des révélateurs auprès de tous ceux qui nous fréquentent, qui finissent par être intrigués et peut-être attirés par notre totale adhésion à Jésus-Christ. Au point qu’un jour ils puissent dire : « Toi, tu me convertirais presqu’à ton Dieu ! » 

Pour cela, il faut donc toute la puissance, toute la miséricorde, tout le pardon de Dieu pour que nous puissions nous-mêmes être littéralement retournés vers la grâce de Dieu. C’est cela le nouvel événement de Dieu en ce jour de sa Nativité. Il est l’événement unique de notre salut. Tel est en réalité le sens plénier et profond de notre rédemption, accomplie par Jésus-Christ. 

Pour ce faire, il faut que notre cœur choisisse lui aussi la miséricorde, l’amour de Dieu. Ce cœur-là ne peut le réaliser que si Jésus vient combler tous les abîmes inconcevables qui rejettent Dieu ; qui Le refusent ; qui nous rendent étrangers les uns envers les autres ; qui non seulement déchirent les hommes les uns vis-à-vis des autres mais aussi qui nous déchirent au plus profond de nos propres êtres.

Que le divin enfant de Bethléem trouve dans nos cœurs et dans les cœurs de toute bonne volonté beaucoup de justice, d’amour, de paix et de grande espérance. Amen !

+Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie,

Président du Saint Synode.